Association Casse-Muraille
21bis impasse de la Fauvette
33400 Talence
tel: 05 57 26 27 60
association.cassemuraille@neutralite.org
Talence, le 17 juin 2011,
Objet: Réponse au courrier référencé DGS/FD/TV
Monsieur le Maire,
Nous faisons suite à votre courrier en date du 14 juin 2011, cité en objet, dont nous avons pris connaissance par notre messagerie électronique. Nous nous permettons de vous rappeler M. le Maire que conformément à l'en-tête des courriers que vous recevez régulièrement de notre part, et depuis l'envoi à la préfecture des modifications du conseil d'administration voté en assemblée générale du 23 octobre 2010, notre siège social est le 21 bis impasse de la fauvette à Talence. A ce jour, nous n'avons de ce fait pas pu récupérer votre courrier officiel envoyé en recommandé avec AR. Nous vous rappelons que notre association n’a pas de président mais uniquement des administrateurs conformément à ses statuts déposés à la préfecture.
Concernant votre demande de ne pas nuire à la tranquillité du quartier autour de la prairie Bel Air où nous organisons une rencontre sur le thème des jardins et de la nature en ville, nous vous assurons que nous serons extrêmement vigilants sur ce point. Les discussions, promenade en vélo et le pique-nique que nous organisons, auxquels les personnes âgées de la RPA Bel Air sont aussi conviées, ne sont que la poursuite de la tradition des repas de quartier sur un espace public (que la prairie Bel Air est encore pour partie aujourd'hui). En cela, nous réitérons le rendez-vous pris l’an passé à la même époque, sur le même lieu et dans les mêmes conditions.
A propos de votre mise en demeure de cesser « l’occupation illégale », nous souhaitons vous apporter les précisions suivantes.
- Les quelques mètres carrés de jardin ne peuvent être assimilés à une implantation de jardins partagés. Ils ont un caractère exclusivement symbolique et ne peuvent être assimilés à une occupation illégale stricto sensu. Le lieu n’est pas clos. L’accès est totalement libre aux très nombreux promeneurs, qui fréquentent la prairie. Ceci est du reste très clairement explicité sur le panneau installé par nos soins à cet endroit.
- Contrairement à vos indications, la présence de ce petit jardin est connue de vos services depuis leur implantation en juin 2010. Tout comme les riverains, qui se sont très souvent exprimés à ce sujet, nous avons d’ailleurs beaucoup apprécié le respect des agents municipaux pour ce petit potager. Il n’y a jamais eu aucune destruction de légumes au cours des tontes pratiquées par les agents durant ces douze derniers mois.
- Nous avons également constaté, combien ce jardinet était apprécié des riverains. Il est devenu un objet de curiosité et un point de rencontre entre promeneurs, parents, enfants et personnes âgées du quartier, nombreux à venir se détendre sur ce grand espace vert. Malgré son accès totalement libre, il n’a jamais vraiment fait l’objet de dégradations.
- Nous vous rappelons qu’à l’origine, l’installation de ce petit potager fait suite à l’annonce par vos soins, d’une part, de la vente des trois quarts de la superficie de la prairie pour deux opérations immobilières (maison de retraite Orpea et lotissement de 4 maisons individuelles), et de l’installation, d’autre part, d’un petit square sur la surface restante. A priori donc, aucun projet de jardins partagés n’est jusqu’ici envisagé par la mairie.
- Par cette action, nous avons voulu alerter la population talençaise sur les dangers de cette politique de privatisation du foncier au dépend des espaces verts. Contrairement à vos propos rapportés dans la presse, nous avons pu constater concrètement grâce à cette micro-expérimentation, que la prairie de Bel Air est loin d’être un simple « crottoir », mais bien un lieu de rencontres, de détente et d'échanges importants pour la vie des riverains et de la cité.
- Forts de cette expérience, nous sommes aujourd’hui convaincus qu’un projet porté par les habitants, associant, par exemple, des jardins partagés, une aire de jeux pour les enfants, une aire d’accueil pour animaux domestiques ou d’autres structures, pourrait être mis en place sur les 5.000 m² restant. C’est bien comme cela que les Jardins de Raba, auxquels vous faites référence, ont vu le jour en 2002, grâce principalement à des fonds européens et à la mobilisation des habitants du quartier. Vous n’êtes pas non plus sans savoir que la demande en jardins partagés est très forte sur Talence et la CUB en général. Il suffit de se référer à la longue liste d’attente des Jardins de Raba pour s’en convaincre.
- Nous vous rappelons à cette occasion le courrier que nous avons déposé le 26 janvier 2011 à votre cabinet, vous demandant de plus amples informations sur la destination du terrain légué, sis rue Armand Leroi et vous proposant d’y lancer un projet de création de jardins partagés. Nous attendons toujours votre réponse. Nous supposons qu’une demande d’autorisation comme vous la suggérez dans le cas de la prairie de Bel Air aurait connu le même succès…
Pour toutes ces raisons, nous sommes choqués du ton particulièrement agressif de votre message, qui n’envisage comme unique moyen d’échange avec un groupement de citoyens représentatif, qu’une démarche d’ordre juridique à travers une mise en demeure.
Pour autant, sachez que, même si nous la déplorerons, nous ne nous opposerons pas à la destruction de ce petit jardin inoffensif. Cependant nous espérons qu’il soit conservé comme symbole du terreau d’une future et prochaine concertation démocratique entre des citoyens et leurs élus autour d’un projet participatif, écologique, créateur de mixité sociale et porteur d’idées nouvelles en matière de politique d’aménagement de notre ville.
Nous restons, par conséquent, à votre disposition pour ce faire.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de nos respectueuses salutations.
Pour le Conseil d'administration de l’association Casse-Muraille
Copie : aux adhérents et nombreux habitants de Talence intéressés par l’avenir de leur commune.